LE RHONEL

Le Rhonel est le ruisseau qui traverse la ville de Clermont l’Hérault. Il était autrefois utilisé pour l’industrie drapière. Le long du ruisseau, le quartier industriel avec ses anciennes usines drapières, tanneries, filatures qui avaient besoin de l’eau pour fonctionner. Ce ruisseau de type méditerranéen coule peu en été mais devenir dévastateur lors de gros orages.

Son lit étroit dans une gorge de 50 m de largeur sur 150 m de longueur, encaissée entre deux parois latérales d’une centaine de mètres. Arrivé à une alti­tude de 38 m, il s’écoule sur une longueur de 7,5 km pour rejoindre la Lergue au « gour » (gouffre) du Rhonel (au pied de la falaise de Ceyras).La topographie de la région Clermontaise, suite aux mouvements du sol consécutifs aux poussées opposées des chaînes de Montagnes des Alpes et des Pyrénées ont créé une cassure occasionnant la Cluze du Ronel (I).

L’orthographe de son nom, la plus ancienne, est Ronel, le « H » intercalé est relativement récent. Peut être, a- t’on voulu présenter un analogie avec le Fleuve Rhône, analogie pourtant explicable, car les deux cours d’eau sont essentiellement torrentiels et au débit très diversifié. Pourtant en 1836, il est qua­lifié de Ronil et même d’Ydromiel, on peut supposer qu’il s’agissait d’une boutade justifiée par des odeurs nauséabondes qui en émanait en période de sécheresse, car autrefois, une de ses utilisations était bien celle d’égout à ciel ouvert, aujourd’hui un conduit important aménagé sous la chape de ciment en fait un important collecteur.

Mais nous ne saurions nous contenter de cet aspect ménager pour le qualifier car il fut de tous temps un auxiliaire précieux pour les industries clermontaises qui eurent parfois une dimension nationale draperies, tanneries, mégisseries, pelleteries, bergeries jardins maraîchers, Huileries, téraillers (2) s’y manifestèrent amplement pour la satisfaction des Clermontais.

Nous relevons dans  » Le Diocèse civil de Lodève  » d’Emile Appolis (1951) certaines mentions d’activités industrieuses qui démontrent bien l’intérêt de cours d’eau et ses affluents : Intérêt  démontré par la présence de « tondeur de « , tisserands, tanneurs, cordonniers (fabricants de chaussures). A certaines périodes on ne pouvait arroser sur son pourtour que deux jours par semai­ne. L’Abbesse de Gorjan stipule que sur les prairies au bord du Ronel affermées, on ne pourra tenir aucun bœuf, veau, vache, car ces bêtes mangent jus­qu’à la racine. On disposait dans le lit du ruisseau, des paniers à lavage, dans lesquels on mettait la laine, remuée avec une fourche, et qui lavée par le courant, était débarrassée de ses impuretés.

L’excellence de la qualité des eaux du Ronel ser­vait pour le lavage et la teinture des étoffes de laines fines d’Espagne (1645; trois savonneries étaient instal­lées sur ses rives, dont celle de Pierre SINGLA qui exis­tait depuis plus de deux cent ans, en 1747). Les tan­neurs qui existaient déjà en 1341 (voir la transaction à cette date) avaient 7 cauquières (3) sur ses bords et vendaient aux nations étrangères. En 1750 on fabriquait cent gros cuirs et deux cent grosses de parchemins (28 000)! Il faut ajouter les téraillers ou potiers (2). Nous ajouterons les deux moulins à Huile, celui des Calquières, celui de la Place Balestier le moulin à Blé « En Boutte » (Bd Gambetta), celui dit le Finiéral, près du vieux pont près de la Cave Coopérative du vin. Nous avons précédemment fait remarquer que tout le long de son cours il était en outre alimenté par diverses sources provenant du Mont Caylus (ou Ramasse).

Un très gros embêtement (et c’est peu dire) pro­venait de ses violentes colères qui se manifestaient par des crues souvent impressionnantes, c’est ainsi que le 29 Octobre 1860sur le dernier « pellicantier », tous les ponts furent emportés comme des fétus, des maisons également, et deux femmes et deux enfants périrent.

1839 : Un curage du ruisseau fut entrepris pour prévenir les inondations et donner du travail à la caisse ouvrière.

Le 27/12/1869 (4) : Le projet de couverture du Rhonel de la Promenade (Tivoli/Salengro) jusqu’à l’Hôpital resta et reste toujours lettre morte. Le Maire Léon Rouquet rendait les chemins de Fer du Midi responsable de ces crues meurtrières par l’absence de ponts surélevés prés de l’hôpital, ce qui retenait le flot tumultueux avec son amas de branchages. Ce fut la crue la plus tragique, mais bien d’autres continuèrent pendant longtemps. En 1907, la moitié des ponts  furent emportés.

1897/1899 : Couverture d’une partie du Rhonel (section du pont Royal, aujourd’hui Pont St Paul).

1907 : Assainissement du ruisseau.

Enfin de 1960/1965 : Cimentage sur toute sa longueur, par la municipalité Jean Rouaud(5)

Le Rhonel dans sa partie encore sauvage avec un des plus vieux pont de la ville, rue Arago

NOTES

(1)   Cluse Gorge entaillée par une rivière (2)   Téraillers vaisselle vulgaire appelée toupis ou toupins quant aux produits plus artistiques ils étaient fabriqués par des « orjoliers ».(3) Cauquières, Calquières, même origine du mot, il s’agis­sait des cuves ou cuviers utilisés pour faire tremper ou macé­rer les peaux. La Rue des Calquières qui borde le lit du Rhonel, a été appelée ainsi à cause du nombre important des tanneurs et mégiss/ers qui y officiaient.(4)    En 1914, le projet de couverture du Rhonel du Pont de Luchaire (nous supposons qu’il s’agit du Pont de La Rue Lamartine) au Pontil de l’Hôpital voté avec un emprunt de 155.000 Frs à 4% sur 30 ans, et subvention de 225.000 Frs du Pari mutuel fut abandonné par le Maire Léon Ronzier joly et son conseil car il a été remplacé par des secours auxfamilles de soldats. (5)  Proclamation Mars 1965, de Georges Blanc (Adjoint de mr Rouaud).

Le Rhônel de nos jours en centre ville. Lors de gros orages, il peux prendre toute la largeur du ruisseau et monter quelques mètres.

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