LES ANCIENS METIERS

LA POTERIE

Nous n’avons que peu de renseignements sur le nombre et l’identité des  potiers .Ils étaient appelés à Clermont orjoliers (fabricants d’orcholets -cruches) ou taraillers (de terailles poteries plus resistantes au feu,dénommées plus tard vaisselle).
Etaient-ils les successeurs des célèbres fabriques de poterie d’Aspiran romaines et gauloises, avaient ils émigré de St Jean de Fos, comme ce fut plus tard le cas du père de Jean-Antoine PEYROTTES nous en trouvons trace en 1450 , en 1745 nous en découvrons cinq :Louis Gaussinel, Marc Sartre, Antoine Delaye, Antoine Cros, Jean Raymond en 1846 . Peyrottes (aussi fécond en poteries qu’en poésies), fabriqua 13700 pièces et son confrère Eugéne Coste 12500. En 1883 c’est un Sabatier,probablement l’ancêtre de Sabatier qui avant la guerre de  1940 était grossiste en vaisselle qui fit des poteries .Le dernier potier Clermontais a été Maury qui avait son atelier dans l’impasse de la rue de la Croix Rouge. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer le texte de J.A. PEYROTTES (écrivain et poète clermontais).

     « Fils d’un potier, potier moi-même, je manie depuis l’enfance l’argile et l’argile sous mes doigts devient
                pot,vase ou cuvette. Plût au Ciel que toutes mes heures et tous mes soins fussent consacrés à la poterie,
                mais une riante enchanteresse s’est emparée de moi et fait mon supplice, elle me tourmente le jour et
                la nuit,quand j’aurais besoin de repos, elle me tourmente encore « .

TANNERIE ET CUIRS

La présence du marché de bestiaux à Clermont a eu comme conséquence logique de l’installation de tanneurs,ils disposaient de facilités importantes avec les différentes sources pérennes qui se versaient dans le ruisseau du Rhonel (ancienne orthographe). Celle-çi ont été canalisées par des conduits en pierre encore visibles dans le lit du cours d’eau. Une autre particularité permit cette fabrication, c’était la présence de chênes verts(Yeuses) dans les collines avoisinantes dont l’écorce pulvérisée fournissait le tan indispensable à la fabrication des cuirs.

ANCIENNETE DE LA FABRICATION:
Les documents manquent antérieurement à la célèbre transaction consulaire avec le Seigneur de Clermont en 1341 sur laquelle il est indiqué « cuirs de boeufs, de chevaux,de mulets, d’ânes de peaux de bouc, de moutons,du cuir corroyé . En 1628 nous trouvons onze cauquieres (autre nom des tanneries) 7 dans les faubourgs 4, dans les environs.
En 1645 Des teinturiers de cuir et corroyeurs s’installent sur les bords du Rhonel, environ de la place St Paul au Chemin de Lodeve (aujourd’hui route du Salagou) en 1671 Jacques Crouzil marchand protestant s’associe avec 2 tanneurs en 1730 le 31/10 le consul de la commune accorde une subvention sur les droits du cuir en 1750 Clermont fabrique cent gros cuirs et 200 grosses(12 douzaines) de parchemins en 1731 on note un fabricant de gants en 1854 Tanneurs: Aninat Fréres, Durand, Galtier, Ginouves, Liquier, Roques, Ronzier, Planque Corroyeurs( assouplisseur et blanchisseurs de cuir)Balestrier, Liquier fils, Roques J. Megissiers (préparation de cuirs pour la ganterie et la pelisserie(1) Roques P.en 1878 corroyeurs: Galtier Freres, Roques Jean :marchands de cuirs Ramy – Vaissade Megissiers: Galtier Jean; Vve Ronzier-Roques,Quillé Fréres,Souvié cadet,Salavy fils1882 : 150 à 200 ouvriers préparaient des peaux de mouton d’Afrique et d’Amerique 1896: Roques fréres, J.Salavit-C.Rouaud Cuirs et Peaux Vve Brunier

Cordonnerie ou fabricants de chaussures
Dans le langage d’aujourd’hui le cordonnier est un réparateur de chaussures alors qu’il est un fabricant, c’est ainsi que consultant les listes électorales de 1883, sur lesquelles étaient indiquées les professions, on y relevait la présence de 213 cordonniers, renseignements pris auprès de Gaston Combarnous (fils de cordonnier lui même) on découvrait une activité très importante , puisqu’elle était la deuxième après les cultivateurs (404).Il s’agissait d’artisans qui à domicile confectionnaient des chaussures pour des gros marchands clermontais,qui leur fournissaient les empeignes(dessus de chaussures)semelles, prédécoupées , Cette importante industrie,car cela en était bien une, s’étiola lorsque arrivèrent les industriels de la chaussure.

TRANSPORTS A CHEVAUX

Antérieur au Chemin de Fer,  mais également à celui de la traction automobile, il eut une importance considérable dans l’économie de la cité car gravitaient autour de lui bien d’activités annexes.

Chevaux, mulets, ânes :

Deux catégories de chevaux : ceux de trait et ceux de labour, chez les cultivateurs ces derniers avaient les deux fonctions. Pratiquement dans toutes des exploitations , les cultivateurs avaient deux charrettes, une dite «Jardinière» qui servait au transport de personnes, l’autre de charroi (à plateau, tombereau ou à ridelles).

Métiers annexes:

Maquignons (souvent spécialisés en catégorie d’équidés) Vétérinaires ou Rebouteux, Equarrisseurs, Bourrelier/selliers, Maréchaux-ferrant, Charrons, Affenages, Charretiers, Forgerons

MaquignonsUne importante activité à Clermont en raison de son Marché à caractère régional. Les chevaux arrivaientpour la plupart, en wagons (Les célèbres wagons sur lesquels était écrit sur la paroi «8 chevaux ou 40 hommes» en cas de mobilisation générale ou de conflit).Ils provenaient souvent de Bretagne, en raison de la robustesse de leurs chevaux qui étaient à dure épreuve avec le sol pierreux ou calcaire qui prédomine dans notre région. L’arrivée des chevaux était un spectacle haut en couleurs qui captivait, jeunes et vieux, encadrés par des «palefreniers» ils parcouraient les rues de Clermont dans un tintamarre assourdissant pour rejoindre les affenages. Principalement dans la rue Coutellerie, ceux de l’Hôtel du Louvre (Christol) Hôtel du Commerce (Lavit puis Gasset), Hôtel St Jean (Guibal). L’autre spectacle était celui de la vente, les acheteurs tournaient et retournaient autour des bêtes, les palpaient, vérifiaient la denture pour voir si pour cacher leur âge on n’avait pas limé leur dents, certains étaient accompagnés d’un connaisseur, maréchal-ferrant, vétérinaire, qui connaissaient les défauts ou les déficiences habituelles (cornage, encastelure, fièvre, fourbure …) d’autre plus exigeants imposaient l’épreuve de l’attelage avec une charrette freinée à fin de juger la puissance de la bête.Certains maquignons roublards usaient de subterfuges, par exemple pour l’épreuve de la traction introduisaient dans la vulve un oignon ce qui déclenchait un sursaut qui laissait entendre que le cheval était nerveux, on lissait le poil à la gomme arabique, une goutte de glycérine dans chaque oeil, ou on avait préparé une ration d’avoine imbibée d’alcool, ce qui donnait un tonus stupéfiant. Les mulets et ânes, se vendaient sur la place de l’Eglise, les mulets étaient prisés, moins chers, robustes, mais surtout se contentaient de nourriture bon marché, ou gratuite comme «la falque» herbe qui pousse au bord des chemins qui l’on fauchait avec la faucille, alors que le cheval a besoin de fourrage et d’avoine (picotin).

Bourreliers – Selliers fabricants de harnais, colliers, selles, sacs, courroies Noms: 1896 : Marragou Bd Gambetta qui maintient son activité jusqu’en 1942. La même année on note: Montagné, Augustin, et Toussaint, en sus en 1910 Jaoul, Rue Coutellerie, en 1921 Adrien Paillés, s’installe à Rougas, en 1932, Bd Gambetta où il continua jusqu’en 1960. En 1910, Jaoul, Rue coutellerie, auquel succéda Salles en 1935 qui passa sa boutique à Marinosa qui fut le dernier bourrelier en exercice à Clermont.

Equarisseurs: le nombre de têtes de bétail (ovins, caprinsporcins,volailles) était très important impo­sèrent la création d’équarrissages, en 1938 on notait Del mas et Fils,Yilla des Sources, et Subias, Route de Brignac.

Affenages (du latin Fenum, Foin) : ils étaient nombreux mais certains n’avaient qu’une activité parti­culière que les jours de marché et de foires, en dehors du côté ventes que nous avons évoqué, c’était aussi le garage des véhicules Hippomobiles.

En 1925 on notait en dehors des Hôtels déjà cités Bd Gambetta – Vaihé (dit Cibade – Avoine) Michel Planas Rue Bara, Rue Victor Hugo (coin Rue Lamartine) Sylvain Christol, dit las paillas – Guibal, Route du Salagou (ex Lodève) Auberge qui fut à l’origine du Négociant en Vins Pierre Guibal.

Forgerons et  Maréchaux ferrant: C’était les lieux de rencontres les plus fréquentés, surtout de la part des agriculteurs, qui profitaient des jours de pluie, ou d’après pluie pour faire réparer, façonner les outils, faire terrer leurs chevaux,…la plupart de ces artisans ayant les deux fonctions.Cette fonction qui depuis les temps préhistoriques a pris dans tous les pays une certaine forme d’aristocratie laborieuse, car savoir travailler le fer, le bronze, était considéré comme un don du ciel.C’est ainsi que nombreux étaient ceux qui admiraient ou appréciaient le façonnage, le martelage, l’assemblage qui transformait du fer rougi en multiples objets ou fonctions.Dans toutes les langues on retrouve des noms (autrefois surnoms) qui dérivent de ces métiers – Ferrant, Féral, Fernandez, dérivant de FER ou Martin, Martinez, Maréchal, Marti (de Marteau, Marteler).Bien entendu les langues s’y déliaient, on y parlait du temps, des maladies agricoles, de la coulure (accident météorologique qui fait couler le pollen), des événements, enfin c’était le salon où l’on cause.Nous les enfants, étions captivés par le ferrage, voir et sentir la corne brûlée, enfoncer à coup de marteaux les clous du Fer à cheval était un spectacle à ne pas manquer, cela s’ajoutait à cet autre spectacle dispensé par tous ces travailleurs, travailleuses! Enfin tous ces spectacles que nous réservaient la rue et les placettes.C’était notre télévision, sans scénarios, mais enregistrée avec bruits, odeurs, dialogues non écrits, saveurs et spontanéité complétant le tableau. Bien entendu les enfants ne se contentaient pas seulement de ce lieu de travail car il y avait tous les autres.

Charrons: Une activité importante car la plupart des charrettes étaient fabriquées à Clermont, avec bien entendu certaines spécialisations de la part de ces divers artisans en fonction des différents modèles  Jardinières (transport des personnes), Américaines (avec un abri pour le vent et la pluie), Guimbardes (longs chariots couverts à 4 roues) ce nom, plus tard, qualifia les charrettes en mauvais état, les diligences ou coches, Charrettes de transport (voir Photo Gasset).

–   1891 on note comme charrons : Pradet Ducord, blanc, Falguière et Gauneran.

–   1896 : Gaston Guiraud et Delon (avec probablement les quatre autres).

–   1909 : certains précédents plus Jules Randon, Rue Coutellerie, débutant une véritable dynastie artisanale évoluant leur activité en fonction des nouvelles applications de l’évolution moderne, carrossier créant en 1920 le premier autobus, carrosserie en bois, pour les Cars Galtier, son fils Denis, lui succédant, le petit fils Yvan Randon, continuant la carrosserie mécanique pour deve­nir concessionnaire automobile sur plusieurs départements.

–   1940 : Lubac Rue Coutellerie.

Charretiers et Transporteurs : En 1854, on note comme rouleurs, pratiquant le Roulage (transporteurs aujourd’hui) A Baumier,A. Fraisse et Nerac, en 1878, Milhau succédant à Fraisse, en 1891, Baumier, Milhau Ainé et Audran, en 1910 Siméon Azema qui battit les records de longévité Joseph Gasset, qui conjointement avec l’Hôtel du Midi débuta une carrière de transporteur, d’abord Hippomobile et ensuite par camion (au tout début les camions étaient à bandage plein).

En 1938 Baizer Armand, 47 Rue Coutellerie, Martin Rue des Grenadiers, Perié François Bd Paul Bert.

En 1942 Alvergne, Christol, Serignac,Vezy, Guiraudou, Gal.

Souvenirs du camionnage Hippomobile . Les charrettes, lourdement chargées étaient tirées par deux chevaux mais lorsqu’elles arrivaient au pied de cols abrupts, on louait un cheval supplémentaire (par exemple, au relais de l’Escalette) lorsqu’on arrivait au faîte on dételait le cheval qui revenait tout seul à son ber­cail. La maréchaussée interdisait aux charretiers de s’asseoir, sur ce qui était surnommé le porte-feignant, (le timon disposé à lavant, sur lequel le contrevenant installait un coussin de paille sur lequel il tentait de se repo­ser). La nuit ils étaient éclairés par une lanterne, un jour un de ces charretier, s’endormit de fatigue et se retrou­va quelques heures après, éloigné de sa route de plusieurs kilomètres.

LOU PELLICANTIER

Ce nom très languedocien (mégissier en Français) est encore parfois utilisé lorsque l’on veut distinguer parmi les nombreux ROUAUD, celui de la famille de Lucien, domi­cilié 2 Rue Viala (I).

En effet Lucien ROUAUD est le descendant direct d’une très ancienne famille de tanneurs-mégissiers. Sa généalogie, professionnelle, remonte à 1789, mais son Grand-Père Charles ROUAUD (né en 1856, décédé /e 28/4/1933) est manifestement le dernier mégissier ayant fabriqué, jus­qu’en 1910, des pelleteries (Peau dont on fait des fourrures), des basanes (Peau de mouton tannées utilisées pour la bourellerie, sel­lerie, maroquinerie, reliure). Dans le sous-sol (voir photos) de sa maison on peut encore découvrir les cuves, les outils utilisés pour son travail, mais aussi une mention sur une poutre maî­tresse indiquant que l’inondation du 29 Octobre 1860 avait submergé son atelier et l’eau était montée un mètre au des­sus.

Aujourd’hui en découvrant la Rue Lamartine et la mai­son Rouaud, il est difficile d’imaginer le spectacle de ce coin, en effet en 1854/55 lorsque le mégissier Rouaud, qui travaillait jusque là dans la Rue Coutellerie, acheta une prairie de 6O m2 pour y construire son atelier et sa mai­son, il est indiqué qu’il y avait un passage sur le Rhonel .et non un pont. La Rue Lamartine s’appelait alors Rue de la Coutellerie Neuve, et ce qui est maintenant la Rue Viala était la route de Canet, qui partait de l’impasse de la Rue J.J. Rousseau et cheminait le long du Rhonel (qui n’était bordé alors que de potagers ou de prairies).

(I) En 1910 Charles ROUAUD, céda son entreprise aux Ets Galtier Frères qui avaient un commerce de Peaux, Cours de la Chicane, ces derniers plus tard cédèrent à leur tour leur affaire aux Ets Magnant, de Toulouse.

ROUTES ET CHEMINS…

Avant l’asphalte et le bitume, les routes et les chemins étaient empierrés, pour assurer leur entretien, il y avait :

LES CANTONNIERS :

Cette appellation provient du mot « canton » puisqu’ils étaient au service du canton; chacun avait la respon­sabilité de quelques kilomètres, ils comblaient les trous avec des cailloux cassés, ajoutaient une pelletée de sable, tassaient avec une « dame » ou hie, (lourde masse emman­chée ) – coupaient les broussailles, tassaient les bordures, enjolivaient parfois en taillant les arbres, buissons ou buis, y apportant toute leur sollicitude. Une autre particularité, curieuse à nos jours, c’était la prestation d’entretien de chemins de voisinage, confiée à des particuliers, ce qui leur permettait d’obtenir des dispenses sur les taxes fon­cières, (on l’appelait la  » taille  » comme pour les impôts moyenâgeux).Le cantonnier intervenait pour vérifier au moyen d’un gabarit, en forme de A majuscule la section et parachever l’ouvrage.

Des équipes de cantonniers, étaient habilitées à s’occuper des installations routières en épandaient le macadam (mélange de cailloux et de sable) avant que n’arrive le « Cylindre  » pour tasser et niveler, et c’est ainsi que nous arrivons à ce curieux métier, aujourd’hui disparu :

LE CHAUFFEUR DE CYLINDRE COMPRESSEUR « ITINÉRANT  » :

Il conduisait un impressionnant engin, le plus gros, qui nous fut donné de « bader » (de badaud). Deux roues géantes de près de 2m de haut, poussant un rouleau com­presseur qui écrasait les pierres et puis, après la pose du « macadam » mouillé après un arrosage en jet au moyen d’une citerne, il nivelait à fin de créer un tapis uniforme, qui durait plusieurs années.

Le curieux dans cette profession était qu’il était pratiqué par un itinérant, qui était au service d’une grosse entrepri­se privée de Marseille qui le mettait à la disposition des communes, ou des ponts et chaussées, de l’Aude et de l’Hérault, pour une période donnée et dans un lieu parti­culier.

Le chauffeur avait comme domicile une roulotte dans laquelle il vivait avec sa famille, ils se déplaçaient comme les forains, les enfants allant dans les écoles des com­munes où se trouvait le travail qui durait souvent plus d’un mois.

LO LENGUECHAÏDE :

Le dernier connu était, Joseph Soulairac, grand-Père de Francis Soulairac (Ancien chef de la Police à Clermont). Il était chargé de vérifier l’état de santé des cochons qui étaient mis à la vente sur le marché, car nom­breuses étaient les familles qui achetaient et faisaient tuer leur cochon par un boucher. Pour vérifier la qualité de la bête, le Lenguechaîde, – dérivé de Langue – plongeait sa main dans la gueule du cochon et distinguait d’un rapide coup d’œil si ce dernier avait le ver solitaire (ou ténia), et dans ce cas en interdisait la vente, car la présence du ver rendait impropre à la consommation et surtout à la conser­vation de la viande.

Après avoir été tué, commençait « la fatigue du cochon « . Il était dépecé et aussitôt un branle bras de toute une équipe familiale ou de voisinage s’affairait à condi­tionner les diverses formes de charcuterie (1), car prati­quement tout était utilisable pour la charcuterie (boudin, pour les espagnols, Longanissas, Morcillas, Chorizos,…) saucisse, saucisson, ventrèche, lard, jambons, museau, pieds de porc, rillettes, salé. Dans cette atmosphère besogneuse, nous les enfants, n’aurions raté pour rien au monde ce spectacle haut en couleurs mais aussi en bruits. Car les grognements du cochon avant sa mise à mort, étaient entendus dans tout le quartier, car cela se passait dans la rue, en devant de porte ou sur une placette, le mar­ché ayant lieu le Mercredi. Le jour des cochonnailles, était la plupart du temps, le Jeudi, jour de pause scolaire autre­fois (Pour les vacances, ne disait l’on pas « la semaine des quatre jeudis »).

(1) Charcuterie vient de Chair cuite.

LOU TÉTAÏRE (LE TÉTEUR) :

Lorsque des femmes avaient accouché et voulaient, soit sevrer leur nourrisson, soit arrêter l’arrivée du lait maternel, on faisait appel à un « tétaïre » qui venait téter la nourrice, sans que nul ne s’en offusque, il faut dire que la plupart du temps l’officiant était assez laid, cela rassu­rait parait-il !

Avant qu’une sage-femme ne s’installe officiellement, la première fut  Melle  Hugues (2) il y avait des »Lévandières  » ou accoucheuses, si vous préferez. Lorqu’elles avaient mis au monde des jumeaux, on disait d’elle la « Bessonnado », la dernière connue (signalée par Etienne Combes, l’instituteur était Mme Roumagnac qui habitait la Rue des Pénitents (Henri Martin).

(2) Mlle Hugues qui est restée à Clermont une trentaine d’an­nées avant de rejoindre ses Cévennes natale, avait eu la fierté d’avoir parfois accouché la fille après V avoir fait pour sa mère. Elle prédisait le sexe de l’enfant, et ne se trompait jamais, car elle notait sur son calepin le sexe différent de celui prédit, ce qui fait que si on lui rétorquait qu ‘elle s’était trompée, elle montrait son agenda et gardait intacte sa réputation de devineresse.

LES REBOUTEUX ET GUÉRISSEURS :

Lorsque les « barbiers » coiffeurs et soigneurs, furent remplacés par les médecins (3), continuèrent à exer­cer les rebouteux, qui s’occupaient à remettre des membres démis ou des foulures ainsi que des déplace­ments de vertèbres. Mais il y avait également les guéris­seurs qui soit par magnétisme, soit par des prières, soit par des onguents ou des onctions d’eau de certains puits, apportaient un soulagement ou des guérisons.

Une particularité, presque générale à ces praticiens c’est qu’ils n’acceptaient pas de rétribution, considérant que leurs dons venaient de Dieu. Ils étaient divers : une, Mme Clavel guérissait les furonculoses avec du linge trempé dans de l’eau sortie de son puits, d’autres guérissaient les jaunisses par imposition des mains ou fixation dans les yeux du malade (Malaute). Il y avait celui qui supprimait les verrues, celui qui guérissait les Zonas, ceux ou celles qui enlevaient le « soleil » des victimes d’ensoleillement, par l’apposition d’un verre d’eau qui manifestait son action par une émergence de bulles, d’autres posaient sur des boutons pustuleux une décoction d’aloès pour pomper le pus.

Mais aussi ceux qui arrêtent les brûlures au moyen d’une prière transmise de père ou mère, en fils. Dans notre région il était rarissime que l’on utilisât la sorcellerie. Il ne reste aujourd’hui, qu’un seul guérisseur, à ma connaissance mais qui ne soigne que des maladies raris­simes ou extrêmement douloureuses, et bien entendu gratuitement.

Pour mémoire, il y avait aussi certains lieux de pèlerinages, peu usités aujourd’hui : St Méen dont l’eau guérissait les maladies dermiques, Parlatges (dans le Lodevois) qui permettait à des enfants ayant des difficultés phoniques de retrouver une bonne dic­tion. Mais dans la quantité importante de lieux vénérés dans notre diocèse pour leur pouvoir de guérison, nous pouvons citer à Clermont, N.D. de Montaigu (chapelle de l’Hôpital) dite « la Miraculeuse » où des pèlerinages rassemblèrent 5O.OOO personnes et 3OO prêtres et l’on constata une foule de guérisons et la résurrection de 2O enfants (4), et bien entendu N.B. du Peyrou, chapelle tou­jours visitée et invoquée aujourd’hui, et où l’arrêt de l’épidémie de peste en 1653 (qui avait décimé 1600 per­sonnes) lui est gratifié, ainsi qu’il est indiqué sur le grand tableau au dessus du Grand portail d’entrée de l’Eglise St-Paul (5)

NOTES

(3) Nous ne pouvons nous imaginer la diversité d’interventions des médecins de notre jeunesse qui en dehors de leur caractère très social, avaient une importance extrême, qu’il est bon de signaler, en raison du peu de moyens de la médecine d’alors. Ils étaient peu nombreux :

En 1942 :Les Docteurs : Aubert, Ronzier-Joly (Maire), Rabejac, Roqueplane, Poulaud, Meinnier, et un seul dentiste Galibert. Après la guerre, vinrent les Docteur Granier, Reboul et Abecassis.

Certains pratiquaient même des opérations ; appendicite, réductions de fractures, arrachage de dents, accouchements, car ne l’oublions pas il fallait plusieurs heures pour arriver à Montpellier. L’Hôpital de Clermont permettait alors d’utiliser ses locaux et son dispensaire.

Les médecins également, assistaient aux conseils de révisions des futurs soldats. Les conscrits se présentaient devant un aréo-page de personnalités, tous nus, après avoir subi la douloureu­se triple piqûre, ils s’exhibaient un peu honteux. Ils oubliaient bien vite ce fâcheux désagrément en suivant le tambour d’Emile Fabreguettes et scandaient et dansaient leur chant de fierté : « Sen de la classe nous fouten pa mal del mestiers (Nous sommes de la classe, nous nous foutons pas mal des métiers,) car c’était l’approche d’un départ pour l’armée qui durait trois longues années. Certains qui venaient d’accomplir leur service militai­re en Septembre 1939, firent la guerre, furent prisonniers et res­tèrent séparés de leurs familles au total neuf années. Comparez aux quelques heures actuelles.

(4) Histoire des sanctuaires dans le diocèse de Montpellier par Constant Blaquière (1906) d’après les archives des Recollets
(moines qui s’établirent en 1611 au Couvent de l’Hôpital).

(5) La population Clermontaise en remerciement.

VŒU FAIT PAR LA COMMUNAUTE DE CLAIRMONT EN ACTION DE GRACES DU RECOUVREMENT DE LA SANTEAPRES UNE GRANDE PESTE – ESTANS CONSULS. Mas. REY ; CAL ; P. BOVISSIN ETRmond – St PAUL EN L’AN 1653.

Textes de Blaise Gallego

 

Le chauffeur de cylindre itinérant qui travaillait sur les routes
Le rémouleur ambulant
 Le péllicantier qui travaillait les peaux d’animaux
Le vulcanisateur de pneus
Les anciens facteurs

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