LE CHEVAL : ANCÊTRE DE L’AUTOMOBILE ET FIDÈLE AMI DE L’HOMME

Au siècle dernier encore, la traction équestre revêtait une grande importance avec toutes sortes de véhicules. Parmi les charrettes (carétas), la plus répandue, celle des cultivateurs, à plateau, tombereau ou à ridelles qui permettait de transporter les outils aratoires : charrues (Lou fourcat), bras de charrue (la rélha), la queue d’Hirondelle (pour couper les végétaux nuisibles), la faux (dailha) , la trinca (outil à pointe) le Bigot, (outil à deux pointes) la  sapa (Houe) et au moment de la récolte les comportes de raisins (samals), les seaux (lou farat ), foins, avoines, les olives, les corbeilles des raisins (œillades, chasselas, servents, madeleines, muscats blancs…). N’oublions pas que la région Clermontaise était un des plus grands producteurs de raisins de table français. Autre modèle du véhicule de nombreux producteurs, « la Jardinière » une voiture légère pour le transport des personnes, des fruits, des olives qui était également utilisée pour des visites à des proches, à l’occasion d’événements (baptêmes, mariages, décès…) absolument nécessaire avant l’apparition de l’automobile.

La Diligence (côche, omnibus, patache) pour voyageurs. La calèche, voiture munie d’un soufflet et d’un siège surélevé pour le conducteur à l’avant. Le Fiacre loué à la course ou à l’heure (premiers taxis). Le phaéton, petite voiture personnelle à sièges très hauts, qui servit de modèle pour les premières automobiles. Le charreton (carretou) tiré à bras dans de nombreuses professions : Guimbarde Américaine abritant du vent, du froid de la pluie, les peintres, maçons, menuisiers, matelassiers, boulangers, ferblantiers, etc. Mais aussi le corbillard (fourgon mortuaire).

Siméon AZEMA (1898) Rue Coutellerie) a beaucoup marqué notre petite ville car il a été le dernier transporteur en charrette à cheval. Il assurait la livraison et l’expédition des colis « grande et petite vitesse » arrivant à la Gare et cela jusqu’au dernier train. Il fut probablement aussi le dernier convoyeur du corbillard équestre de la région.

Un privilège, les viticulteurs avaient la possibilité d’utiliser leur cheval et leur propre charretier pour leurs enterrements familiaux, ce qui faisait une économie appréciée. Il faut ajouter à ce catalogue tous les métiers particuliers utilisant la traction animale: rémouleurs  pour l’aiguisage des outils, les cardeurs de laines, les ramoneurs, poissonniers, marchands de fruits et légumes, d’escargots, laitiers, joueurs d’orgue, des saltimbanques, montreurs d’animaux, les marchands forains parmi ces derniers, un certain BLAS et son épouse CARMEN. Sa curieuse carriole tirée par un mulet, était bâchée sur trois cotés , elle était utilisée pour la vente dans les villages environnants, de fruits et légumes, mais les Dimanches ou jours de fêtes il vendait de la confiserie, des beignets appelés « saucisses de Jésus » , des colifichets, des surprises, des bagues arroseuses, des pistolets à bouchons, serpentins, confettis, en été des glaces en cornet……Mais aussi la célèbre cacahuète (en coque)appelée à tort Pistache qui était une friandise très appréciée, au point qu’a CLERMONT on trouvait 5 vendeurs , dont quatre pédestrement pour aller au devant du client. Ces cacahuètes étaient fraîchement cuites avec leurs coques dans les fours de boulangers, aussitôt après la cuisson du pain.

Mais revenons à la charrette des cultivateurs, Elle avait une forte importance pour le transport des marchandises à des moyennes distances. Dans notre région notamment, le vin se transportait dans des fûts dits » Demi-Muids » qui contenaient 660 litres. Ils étaient tirées par deux solides et robustes chevaux avec souvent un mulet tirant au devant, en cas de nécessité.

Les souvenirs évoqués par notre père, au service des transports GASSET, font découvrir des détails sur cette profession de « charretier » ; Leur charrette était tirée par deux chevaux et un mulet transportait de 8 à 11 Demi-muids de vin (soit de 5.280 à 7.260 litres) ,maintenus par deux filins d’acier raidis au moyen d’un cabestan qui s’enroulait au moyen d’une barre en fer. Ce cabestan se trouvait à l’arrière des brancards et débordait sur le coté de la charrette, on l’appelait couramment «  Le Porte fainéant » Pourquoi ? Le Code de la route (à cheval) exigea que le conducteur marche à coté de la charrette, interdiction très fatigante. Pour la contourner, les charretiers confectionnaient un coussin avec de la toile de jute, l’emplissaient d’herbes et le posait sur le cabestan à fin de s’y asseoir tout en guettant malgré tout la maréchaussée qui cheminait à l’affût des contrevenants .En cas de danger on camouflait promptement le précieux coussin Voilà pourquoi c’était devenu un « Porte Fainéant »

Autre difficulté ne point somnoler ! Il arriva que notre père se réveilla une nuit à quelques kilomètres de sa destination, sur une autre route ce qui lui valut une remontrance patronale.

Autre institution : les relais. On ne faisait pas que s’y restaurer ou s’y reposer. Souvent ils étaient établis au pied d’une montagne ou colline. Pour la franchir on louait un cheval supplémentaire qu’on attelait en tête du convoi. Arrivé au faîte, on détachait le renfort et ce dernier redescendait la côte tout seul pour rejoindre ses pénates. La sécurité nocturne était apportée par une lampe à acétylène (ou Carbure) Pour diriger le convoi on entendait les « HUE » pour obliquer à droite, les « DIA » pour obliquer à gauche.

Commerce des Equidés :

Clermont avait un important commerce de chevaux, ânes mules, mais pour des raisons de place, il n’avait pas lieu sur le marché, comme c’était le cas pour les bœufs, porcs, volailles, poissons… Les chevaux étaient vendus dans les affenages, également sur le parvis de la gare où arrivaient des chevaux Bretons (considérés comme les plus robustes). Certains « margoulins » utilisaient des subterfuges pour mieux les vendre. Ils limaient les dents des chevaux pour les faire croire plus jeunes. D’autres, en cachette, glissaient un oignon dans l’anus de la bête, qui stimulée faisait preuve d’énergie Une goutte de glycérine dans chaque œil les faisait briller. Une ration d’avoine imbibée  d’alcool donnait du tonus aux bêtes.Pour l’abri des chevaux. On utilisait les Sept affenages  Clermontais:Rue Coutellerie : Christol,  Rue Victor HUGO et l’Hôtel GASSET puis Rue Bara : Planas,Vailhé dit «Cibade »  (avoine) Bd Gambetta , Guibal (Bd Ledru-Rollin), Guibal (Rte de Lodève)SALAVY. Les mulets et les ânes étaient vendus, surtout par les gitans,le jeudi matin sur le parvis de l’Eglise.

FORGERONS et FERRONNIERS :

Sur le Boulevard Ledru-Rollin, BEL Marcel successeur de BEL Auguste (1890) auquel succéda Delplanque, Rue Coutellerie Delest Jean, successeur de Delest Louis(1924) et de Delest Jean ( 1890) .Nous étions captivés par l’habileté de ces artisans que l’on pourrait qualifier d’artistes lorsqu’ils forgeaient des objets, des décorations de toutes sortes des Fers à chevaux ….Nos yeux d’enfants extasiés s’ouvraient grandement en voyant se transformer ce métal, tout d’abord rougi, puis blanchi, en circonvolutions harmonieuses. Une autre curiosité le ferrage des animaux. Nous observions l’assistant du Forgeron qui maintenait le pied de la bête où s’incrustait le Fer rouge brûlant, faisant s’échapper des volutes de fumée ainsi que la forte odeur de la corne brûlée. Inutile de nier que les conversations en Languedocien y allaient grand train, c’était le « Salon où l’on cause » peu de politique mais surtout des conditions météorologiques, les problèmes de production, ceux des prix de ventes. Les nouvelles fusaient sur les interventions des gendarmes, cantonniers, parfois une anecdote amusait, avec toute sa truculence, déclanchant rires et d’exclamations.

A Clermont , les Métayers (cultivateurs payés à part de récolte) Les Payres (domestiques) le Garde-Mas(gardiens de maisons) étaient embauchés chaque année le 29 Septembre, au matin jour de la Saint Michel sur le « Planol » la location ou l’embauche se faisait oralement .

texte: Blaise Gallego

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