L’ECLAIRAGE D’ANTAN

Nous ne remonterons pas aux antiques lanternes qui fonctionnaient à l’huile, en 1772 des lanternes étaient installées dans certaines rues, elles étaient données à bail, le bailleur qui outre la fourniture de tous les ingrédients, huile, mèches, devrait les garnir tous les jours, entretenir boites et cordages et tenu à les éclairer sauf les 6 jours mensuels de pleine lune . Il y eut ensuite l’éclairage à l’acétylène, (produit par le contact de l’eau avec le carbure de calcium (1) qui s’ajoutait à celui ancestral des quinquets et des bougies, qui existent encore (2) et des lampes à pétrole, vers la fin du 19ème siècle.

De 1826 à 1888 à Clermont, éclairage à l’huile de schiste (semblable au pétrole). Une usine à Gaz, dirigée par Jean Milhau, entrepreneur qui construisit l’usine projetée en 1817 et à qui fut donnée le service en monopole, jusqu’en 1894 où lui succéda M. Robillot. L’usine était installée en Route de Canet En 1909 substitution des anciens becs papillons et transformation de l’éclairage du théâtre Municipal (3). La concession fut supprimée en 1921 et il fallut un arrêté de la Préfecture du 26 Novembre 1924 pour que cet arrêt devînt définitif. En effet, Clermont était très en retard pour l’éclairage électrique par rapport aux villages voisins et probablement une connivence complice entre la municipalité et la direction de l’usine à Gaz, c’est ainsi qu’en 1920 on se plaint de l’absence d’éclai­rage électrique dans plusieurs endroits (fourniture par la Sté Biterroise de Force et Lumière), La Chicane fut éclairée en Août 1922, en Juin 1922 il y avait en tout et pour tout, au Planol, 4 ampoules de 200 bougies (Watt), sur la Plaine (Place de la République) 6 de 300 bougies,Allés du Tivoli (Salengro), 24 de 200 bougies. Un peu plus tard, vers les années Trente, une Société concurrente proposa ses services, la Cie Sorgue et Tarn, fournissant de l’électricité d’origine de la région Sainte Africaine.En I 932, électrification des écarts (hameaux des Bories et de Pradines).

Les lignes électriques étaient installées sur les façades à hauteur du  1 er étage (4).

(I) Les lampes à carbure, grâce au «bec en croissant » percé de trois trous produisait une flamme, dite papillon, en forme d’aile, elles furent utilisées, par les premières voitures ainsi que pour l’éclairage des bicyclettes jusqu’à l’invention de la dynamo, puis pendant longtemps par les forains. Le «carbure» avait remplacé la lampe à pétrole, plus encombrante et moins lumineuse.

(2)  En 1934, le signataire constatait que dans sa maison, le voisin du dessus s’éclairait au quinquet à hude et vit pour la première fois ses parents accepter que l’on installa une ampoule pour la cuisine (salle à manger de l’époque) car pour inciter les utilisateurs on proposait un abonnement sans compteur avec un forfait par ampoule, mais les «resquilleurs» sautèrent sur l’occa­sion et l’on trouva une douille complémentaire qui s’adaptait sur la douille de l’ampoule, il suffisait alors de brancher une ligne pro­visoire qui pouvait alimenter les autres pièces, c’est d’ailleurs pour cette raison que ce procédé fut appelé «douille voleuse» terme encore utilisé pour cet appareillage.Pour veiller les malades ou rassurer les enfants apeurés dans le noir de leur chambre ou alcôve, on utilisait une veilleuse confectionnée avec un verre empli d’eau sur laquelle une couche d’huile servait de carburant, on y posait une rondelle de liège avec une mèche centrale utilisé surtout par les familles espagnoles (et leur importance progéniture) ce fut le nom espagnol qui prédo­mina, Mariposa (papillon).

(3)  L’allumeur ou éteigneur de réverbères était muni d’une longue perche qui actionnait un levier qui assurait ses fonc­tions. Il avait également, une petite échelle légère qui leur permettaient de nettoyer les verres des lanternes. Le dernier «allumeur» existe encore, M. Antoine Sanchez qui dans son jeune âge assistait son père ; on allumait à i heures du soir et on éteignait à 6 heures du matin, les horaires étaient ceux du cycle solaire, car depuis, les heures actuelles ne correspondent aucunement Lorsque fut lancée ce nouvel horaire les villages refusaient de l’appliquer et lorsqu’on voulait savoir l’heure véritable on disait «heure vieille» pour la solaire et «nouvelle» pour l’officielle qui avait une heure d’avance, lorsque cette avance, pendant l’occupation fut portée à deux, sous prétexte d’économie d’énergie, on la surnomma l’Heure Allemande, probablement par esprit de résistance le clocher du village sonnait toujours l’heure solaire.

Les précédents allumeurs : Michel Pla et Fasson.

(4) Deux opérettes Clermontaises (ou revues) avaient un très grand succès, une, car elles chansonnaient les évènements quotidiens, et l’autre car les participants étaient des Clermontois, c’est ainsi qu’en 1903, dans la revue écrite par Paulin Vaissade Musique de Josepli Gey.

En Panne à Clermont on chansonnait les défauts de l’Acétylène, qui donne une lumière brillante, mais il y avait un risque d’ex­plosion au chargement Dans cette revue on traitait de l’afficheur, du marchand de journaux, des propriétaires, des courtiers, du Tribunat, du Marché, du camelot, de l’Orphéon, mais aussi du Gaz pour se plaindre des nombreuses pannes, des agents, du casino, des conscrits, du Pont de l’Amour du vélo

 «Voilà que notre hydrogène s’est éteint subitement

les clients pris de panique, bousculaient le mobilier,

les patrons plus énergiques, voulaient tout écrabouiller……»

 L’artistic-Club, fondé en 1912 par E. Bertrand, Bonnefous Ch, Emile Axes, Fraisse M, Hein R, Rouaud Jules, Serven E, Bourboujas E,J.Azema, et Banes L., interrompue pendant la guerre de 14/18, pris une part grandissante dans la vie de Clermont, de 1920 à 1922 ; avec 115 membres. Dans une revue écrite par Gaston Combarnous, avec beaucoup de verve, mais également très satirique (jouée le 7 novembre 1920) et jouée par 42 acteurs, chanteurs, danseurs et musiciens avec un très grand suc­cès, puisque reprise plusieurs fois. Parmi les nombreux sujets traités et chansonnés (Le Front, le Marché, le veilleur de nuit, les sérénades, les permissionnaires, l’embusqué – celui qui avait trouvé le moyen de ne pas par­tir à la guerre – l’agent, l’Hôpital, les Bancs de la Promenade, le Café, l’Armistice, La gare, les vendangeurs Tarascon (ex. M. Beaucaire) Lou Rêbroussié (Le rouspéteur) et l’Eclairage.

On y disait : «nous avons la compagnie la plus extraordinaire, tantôt elle n’a plus de charbon pour alimenter ses fours, et quand le charbon arrive on n’a pas le sou pour le payer, et si on a tous les deux, les fours s’écroulent, les tuyaux crè­vent ou les gazomètres refusent de monter mais quand donc auront nous cette merveilleuse électricité !»

Article de Blaise Gallego

 

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