LES ORGUES DE L’EGLISE SAINT PAUL DE CLERMONT L’HERAULT

Le grand Orgue de tribune :

Avant 1835, l’église Saint Paul ne possédait aucun orgue, du moins, il n’y en en aucune trace dans les archives. En 1835, le curé Sébastien Tailhan et le Conseil de Fabrique de l’église décidèrent d’acheter un orgue d’occasion pour « animer » musicalement les offices religieux. Il fut livré en juillet 1835 et coûta 5 000 francs. L’église n’était pas prédisposée telle qu’elle à accueillir un orgue et il fallut faire quelques aménagements pour son installation. La tribune fut complétée par une balustrade ainsi qu’une « boiserie d’orgue ». Il fallut acheter des tuyaux supplémentaires pour compléter l’orgue et payer le facteur venu remonter l’instrument. C’est la « Fabrique » qui s’occupait de gérer financièrement l’instrument pour son entretien annuel, l’organiste et le souffleur. L’origine de l’instrument n’est pas certaine. L’orgue proviendrait du Collège de Tournon-sur-Rhône. Les orgues de Tournon-sur-Rhône (collège et surtout collégiale) portent les stigmates du travail d’un facteur d’orgue d’origine Suisse. Or, la tuyauterie d’origine de l’orgue de notre église a des similitudes avec les techniques pratiquées par ces facteurs Suisses au XVIII°siècle. Il est donc fort possible que des morceaux d’orgue de la collégiale de Tournon-sur-Rhône non réutilisés lors de sa restauration servirent pour construire l’orgue de Saint Paul. L’orgue va être remonté par un facteur d’orgue héraultais André Laffon. Des artisans locaux créèrent la tuyauterie manquante, construisirent le buffet (presque achevé en avril 1836) ainsi que la balustrade de la tribune. En avril 1836, l’orgue n’est pas complètement monté, et l’organiste n’est pas encore nommé. L’organiste était payé environ 300 francs par an

Description technique de l’orgue : 

  • Double buffet en sapin avec façades en zinc
  • Positif de dos postiche
  • Clavier unique et fenêtre
  • Plaqué en fenêtre
  • Plaqué d’ébène, de 54 notes (C1 – F5)
  • Pédalier à la française de 13 notes (C1 – C2)
  • Mécanique suspendue
  • Tirage de jeux à bâtons carrés avec pilotes hexagonaux
  • Deux sommiers diatoniques
  • Parallèles à la façade, pour le clavier
  • Deux sommiers diatoniques, perpendiculaires à la façade, disposés sur les côtés, pour la Pédale.
  • 8 pieds d’un seul clavier de 54 notes
  • Une pédale de 13 notes

Parmi les éléments entreposés au presbytère : 30 tuyaux de Dessus de Voix Humaine, 45 tuyaux de Prestant, 43 de Doublette, 25 dessus de Hautbois et 22 de Basson en bois, 53 tuyaux de Flûte en pin (13 bouches et 40 ouverts), 16 dessus de Montre, 93 tuyaux de Plein-Jeu, 13 de Flûte 8′ de Pédale en bois, 13 de Flûte 4′ de Pédale en bois, 13 de Trompette de Pédale aussi en bois, ainsi que des tuyaux de Trompette de Clairon de Grand-Orgue dont les corps étaient en zinc. Les anciens tuyaux de façade disparus étaient aussi en zinc. Dans l’orgue de chœur il y avait le Cornet 5 rangs, une partie du Nazard et 60 a 70 tuyaux de Principaux et Plein-Jeu

L’ancien buffet, disparu, était à 2 corps. Par sa forme, il épousait le contour de la grande rose pour ne pas la cacher (ce qui n’est pas le cas actuellement)

Le curé Jean-Edouard Saumade trouva l’orgue démodé à la fin du XIX°siècle mais ne souhaitant pas le moderniser il préféra acheter sur ses propres deniers un autre orgue. Il acheta l’ancien orgue de chœur de la cathédrale de Nîmes en 1894.

A partir de 1894, l’orgue de tribune cessa de fonctionner, au profit de l’orgue du facteur « Cavaillé-Coll » disposé au départ dans le chœur. Il fonctionna une fois à nouveau en 1932 suite à l’intervention de Maurice Taurand qui avait fait quelques réparations. Ce fut le dernier concert du grand orgue. En 1945, à l’occasion d’un déplacement de l’orgue de chœur à sa place actuelle, un certain nombre de tuyaux du grand orgue furent introduits dans l’instrument de Cavaillé-Coll.

Différents travaux dans l’église, notamment en 1934 et 1938, condamnèrent définitivement l’orgue de tribune. Le coup de grâce fut porté en 1951 lors des restaurations de la façade Ouest et de la rosace. L’orgue et la tribune furent démolis ! Maurice Taurand tenta de sauver l’instrument. Il fit un inventaire précis avant de démonter l’ensemble de l’orgue et de l’entreposer au presbytère ou les tuyaux en bois ont pourri. La tribune a été démontée, les quatre colonnes et l’entablement de marbre rouge veiné, furent vendues, tandis que deux des quatre panneaux de la balustrade en fer forgé vinrent sur les côtés du chœur, les deux autres étant déposés au presbytère.

En 1978, Marcel Vidal, souhaita redonner vie à l’instrument. Un rapport fut établi sur les pièces entreposées au presbytère mais ce dernier était assez accablant car l’humidité avait fait beaucoup de dégâts et une procédure de sauvegarde fut engagée pour sauver ce qui restait. La partie instrumentale de l’orgue, déposée au presbytère, et datant du début du XIXe siècle, fut classée Monument Historique en 1979.

Pour redonner vie à l’orgue de tribune, il fallut démonter les pièces de ce dernier placées dans l’orgue de chœur pour qu’il retrouve ses tuyaux d’origine et ensuite replacer les tuyaux entreposés au presbytère morceau par morceau. En 1988, l’orgue de chœur fut remis dans son état d’origine et l’on récupéra les tuyaux de l’orgue de tribune. Il faudra attendre 1998 pour que l’orgue de tribune retrouve sa place originelle sur une nouvelle tribune fidèle à l’ancienne et un instrument flambant neuf au son irréprochable. Au départ l’orgue devait être remonté dans l’église des Dominicains qui venaient d’être transformée en salle culturelle mais sa place était belle est bien à Saint Paul. L’orgue fut inauguré le 23 janvier 1999 par Mgr Ricard évêque de Montpellier. Il a été construit dans les ateliers de la manufacture languedocienne des grandes Orgues à Lodève

Depuis, l’association des « Amis des Orgues » organise régulièrement des concerts dans l’église dont quelques uns avec l’orgue. L’été, les mercredis matins, l’orgue est mis à l’honneur lors des demi-heures d’orgue qui permettent aux touristes et aux clermontais d’attendre le magnifique instrument

 

L’orgue de chœur

Le curé Jean-Edouard Saumade trouva l’orgue de tribune démodé à la fin du XIX°siècle mais ne souhaitant pas le moderniser il préféra acheter sur ses propres deniers un autre orgue. Il acheta l’ancien orgue de chœur de la cathédrale de Nîmes en 1894, qu’il fit installer sur le côté droit de l’église par la maison Puget de Toulouse Un contrat fut passé entre lui et la Fabrique, devant notaire en 1895. Selon ce contrat, l’abbé Saumade « mettait à la disposition de la fabrique, pour 18 ans à compter du 1er avril 1895, les appartements qui servent de sacristie, donnant sur la rue Jean-Jacques Rousseau, et « l’orgue de chœur que ledit Sieur Saumade a acquis de ses deniers de la fabrique de l’église de cathédrale de Nîmes, et qui se trouve actuellement placé dans le chœur de l’église paroissiale Saint-Paul ». La Fabrique avait à sa charge tout l’entretien de l’instrument et elle payait un loyer annuel au curé pour l’instrument. L’instrument comportait deux claviers et huit jeux. Il date de 1856 et fut modifié à plusieurs reprises pour s’adapter aux orgues de la cathédrale de Nîmes. En 1882, des travaux dans la cathédrale imposèrent la dépose de l’orgue. Le remontage fut effectué par Vincent Cavaillé-Coll en mai 1883 mais il fut changé de place. Ce nouvel emplacement était trop éloigné du chœur et incita la fabrique à acquérir un nouvel orgue de chœur de dimensions plus petites, à la maison Puget, de Toulouse. Celui-ci, installé en 1885, rendit inutile l’orgue d’Aristide et Vincent Cavaillé-Coll, qui fut mis en vente. C’est là qu’il arriva à Clermont ou il fut installé par la maison Puget de Toulouse, à droite du chœur. En 1936, l’organiste Maurice Taurand transféra l’orgue sur le côté gauche du chœur (au départ il était à droite) et en 1946, il fut transféré dans la chapelle Saint Anne. Il fut restauré en 1988. Il se compose actuellement d’un grand orgue de 54 notes et d’une pédale de 25 notes. Il comprend 12 jeux, 2 claviers et pédaliers.

D’aprés l’ouvrage « Clermont-L’Hérault : Le grand orgue » (Éditions du Bérange) par Roland Galtier


L’orgue principal et sa rosace du XV° dans les années 1920
L’orgue de choeur
L’orgue principal restauré en 1999

About the Author